France-Présidentielles 2017

Relations internationales ... : défis et priorités pour la France...

 

 

Relations internationales et coopération pour le développement : défis et

priorités pour la France

 

 

 

L’Iddri, l’IRIS et la Ferdi ont organisé une conférence publique à Sciences Po Paris le 6 avril 2017.

 

par: Marthe Château

 

Les questions internationales sont peu abordées dans les campagnes présidentielles. La politique extérieure de la France se prévaut d’une certaine continuité transpartisane.

 

Plusieurs raisons font cependant de la campagne présidentielle de 2017 une exception : l’incertitude entourant les conséquences du Brexit sur l’évolution du projet européen, en particulier dans la gestion des migrations ; la montée sans précédent des inégalités et d’un sentiment de déclassement resté sans réponse satisfaisante ; les engagements pris en 2015 d’une prospérité partagée à l’intérieur comme à l’extérieur de la France et de l’Union européenne.

 

Trois think tanks (IDDRI, FERDI, IRIS) en matière de relations internationales et de coopération pour le développement se sont associés pour mettre en débat les analyses et propositions des candidats à l'élection présidentielle autour de deux enjeux clés : le nouveau temps de la diplomatie et développement international et nouvelles coopérations.

 

Intervenants :

 

Jean Bizet

 

Sénateur - président de la Commission des Affaires européennes, représentant de François Fillon.

 

Bertrand Dutheil de la Rochère

 

Conseiller régional d'Île-de-France, membre du comité stratégique de Marine Le Pen

 

Bernard Féraud

 

Haut-fonctionnaire, représentant de Jean-Luc Mélenchon

 

Yannick Jadot

 

député européen, représentant de Benoit Hamon

 

Jean-Michel Severino

 

Jean-Michel Severino est président d'Investisseurs et Partenaires depuis 2011. Il a été directeur général de l’AFD de 2001 à 2010.  Représentant d’Emmanuel Macron.

 

Première partie : diplomatie.

 

1/Quel esprit nouveau dans la diplomatie ? Le contexte est dominé par la montée des nationalismes (US, Russie, Turquie, Hongrie) et de la déshérence du multilatéralisme. Le bilatéralisme est-il adapté aux enjeux du monde ? Quel doit être le rôle de la France dans les relations internationales ?

 

(JB) Selon Emmanuel Faber, directeur général de Danone, la mondialisation est façonnée par nos choix. Le message de EF en faveur d’une économie responsable ne doit pas faire oublier que la mondialisation va vers la fragmentation.

 

(BDdL) Aux US et dans l’UE, on assiste à un nouveau printemps des peuples contre la mondialisation ultra-libérale. Il faut rejeter cette mondialisation et reconstruire les relations internationales à partir du respect des peuples et des nations avec la réalisation de projets de coopération précis.

 

(BF) De quel multilatéralisme s’agit-il ? Il faut mettre fin à certaines alliances pérennes comme l’OTAN. Le multilatéralisme sur les questions économiques, la COP 21, les biens communs, profitent à tous. L’action de l’ONU (PNUD, CNUCED, sécurité humaine) est bénéfique.

 

(YJ) Il y a deux phases dans l’histoire du multilatéralisme : avec l’ONU, c’est l’ambition de la paix et des politiques sociales ; après la chute du mur de Berlin, il y a l’espoir que la question des femmes entrent au cœur de l’agenda international. Aujourd’hui, seule l’Union européenne peut nous sauver : il faut qu’elle ait une politique extérieure commune.

 

(J-MS) Il faut écouter les oubliés de la mondialisation. Le nationalisme n’est pas une solution. On a besoin de coopération à l’échelon international. On a besoin du FMI et de la Banque mondiale pour réguler la finance.

 

2/ Quelle doit être la politique de sécurité vis-à-vis des Etats fragiles ?

 

(JB) il faut intervenir au niveau européen sur les territoires via l’Union pour la Méditerranée et la politique de voisinage.

 

(BDdL) La France doit être en pointe face à la menace du terrorisme islamiste (Sahel). Cela doit être une priorité.

 

(BF) L’expression « si vis pacem, para bellum » est stupide. L’intervention anglo-française en Libye a causé de la destabilisation. L’Europe de la défense n’a jamais existé.

 

(YJ) Par ces interventions (Ali Bongo), la France construit les problèmes dans l’Afrique de demain.

 

(J-MS) Le monde est dangereux. Il faut rendre plus efficaces les grandes architectures de défense en Afrique, avoir une politique de développement, consolider la défense nationale.

 

3/ Comment traiter la question migratoire ? Quid de la défense des frontières nationales ? de la coopération financière avec les pays qui font de la rétention de migrants ? du co-développement ?

 

(JB) Il faut mettre en place des pactes migratoires (discours de La Valette), mettre en place des conditionnalités négatives à l’aide au développement (Niger) et développer les investissements privés.

 

(BDdL) La coopération doit permettre aux migrants de rester chez eux.

 

(BF) Il faut accueillir dignement les migrants et agir sur les causes des migrations qui sont liées au développement.

 

(YJ). Il est nécessaire de bâtir une politique européenne migratoire.

 

(J-MS) Il faut gérer la mobilité et organiser la sécurité.

 

Seconde partie : coopération et développement.

 

1/ Comment l’aide publique au développement (APD) se justifie-t-elle ? Faut-il concentrer l’APD sur certains enjeux ?

 

(J-MS) La politique de développement est une politique fondamentale pour rendre le monde plus sûr. Cette politique a un fondement moral et éthique. L’APD est déjà concentrée sur l’Afrique, continent le plus pauvre de la planète, avec des enjeux de sécurité et de santé publique forts. Avec 400 Ms d’Africains sur le marché du travail d’ici 2050, l’Afrique présente des enjeux de formation et d’emploi à prendre en compte.

 

(YJ) Nous sommes d’accord avec ces propositions. L’APD est une forme de rééquilibrage à l’échelle mondiale et un enjeu de justice sociale. Il faut arrêter de nuire aux pays du sud et mettre fin aux accords commerciaux de pillage.

 

(BF) Nous sommes d’accord avec cette philosophie globale. Il faut respecter l’objectif de 0,7% RNB, ce qui n’a été fait ni sous Hollande, ni sous Sarkozy. Il faut faire du co-développement, octroyer des dons et de l’aide technique au lieu de prêts, renforcer le partenariat ONG/Etat, dénoncer les partenariats économiques avec les Etats ACP (APE).

 

(BDdL) L’objectif de 0,7% du RNB doit être atteint pour que les populations restent chez elles avec une concentration sur l’agriculture, la formation professionnelle et l’appareil d’Etat.

 

(JB) L’APD est difficile à mobiliser. Le financement doit reposer également sur des fonds privés garantis par des fonds publics sur le modèle de ce que proposent Mogherini et Juncker au niveau européen.

 

2/ L’APD est inefficace dans les zones d’insécurité. Faut-il agir pour renforcer l’appareil d’Etat ?

 

(J-MS) La concentration géographique est nécessaire dans le domaine social et pour lutter contre les menaces sécuritaires. Les efforts structurels sont difficiles à faire pour la démocratisation et obtenir un consensus pluri-partisan et une constance dans les décisions de politique publique. C’est une responsabilité sociale partagée de créer ce consensus sur trente ans.

 

(YJ) La catastrophe du Rana Plaza montre l’ampleur des efforts à mener.

 

(BF) Nous sommes opposés à la mise en place d’une coopération sécuritaire. Mais on peut mener des coopérations techniques dans le domaine de la formation d’officiers par exemple. Le renforcement de l’appareil d’Etat ne rend pas forcément plus sûr l’environnement pour les populations.

 

(BdLR) Il ne faut pas dire aux Africains ce qu’ils doivent faire. Il faut mettre en place une coopération d’Etat à Etat sur le développement de l’appareil d’Etat.

 

(JB) l’APD de l’Union européenne est une valeur pour l’Union européenne. Il faut trouver un équilibre entre l’aide et l’ingérence. La notion de pacte est nécessaire. Il faut initier des partenariats public-privés.

 

3/ La France privilégie le canal bilatéral de l’aide. Avec le Brexit en cas de « sortie sèche », il y aura une perte d’APD. Quelle doit être la parité entre le canal bilatéral et le canal multilatéral ?

 

(J-MS) Le multilatéral est une composante essentielle. Nous ne présentons pas de projet pour transformer les modes opératoires existants. Il  y a beaucoup à réfléchir. Il faut de la prudence.

 

(YJ) La force du Fonds européen pour le développement (FED) est de faire sortir de l’aide liée et d’échapper ainsi à la diplomatie économique. La France a pris des engagements sur l’aide, notamment sur le climat Il faut les tenir. Il faudrait augmenter l budget européen ; or il a été baissé. Il faudrait une taxe sur les transactions financières et trouver de nouvelles ressources pour le budget européen.

 

(J-MS) L’aide française transitant par l’AFD) est plus déliée que l’aide de l’Union européenne qui est en fait liée aux entreprises européennes.

 

(BF) Le Brexit affaiblit l’Union européenne.

 

(BdLR) Il faut rapatrier l’aide européenne en France pour pouvoir cibler en fonction des priorités de la France. Nous sommes d’accord pour l’aide multilatéral dans le cadre de l’Onu, mais elle doit être examinée secteur par secteur et elle ne doit pas nourrir les bureaucraties internationales.

 

(JB) Le Brexit affaiblit l’Union européenne et surtout le Royaume-Uni. L’aide européenne doit diminuer ou trouver des ressources propres comme la taxe sur les transactions financières. Le multilatéral est préférable au bilatéral. Nous sommes pour une Union européenne puissante, même dans le développement.

 

4/ A quelle échéance atteindre l’objectif de 0,7% du RNB ?

 

(J-MS) Nous souhaitons être flexibles pour atteindre cet objectif dans les 7 à 8 ans au lieu de s’ancrer dans la pratique du cimetière des promesses qui existe depuis 40 ans et en prévision de la bataille budgétaire dans les prochaines années. Il faudra aider les futur Président de la République à augmenter les moyens car il n’y a pas de groupes de pression pour l’APD. Par ailleurs, la réaction des départements ministériels sera négative à la décision d’augmenter les moyens de la politique de développement.

 

(YJ) Les groupes de pression pour l’APD existent. Les ONG font du lobbying sur l’APD. L’objectif de 0,7% du RNB devrait être atteint d’ici 2022 avec en particulier la hausse des financements sur le climat.

 

(BF) L’objectif devrait être atteint d’ici 3 ans.

 

(BdLR) L’objectif de 0,7% du RNB sera atteint à la fin du quinquennat en fonction des intérêts de la France : éviter les migrations dans notre pays. L’aide liée est une contrainte pour les populations, mais aussi une possibilité de donner des emplois aux Français.

 

(JB) Nous essaierons de tendre vers l’objectif de 0,7% du RNB. L’APD est nécessaire, c’est une valeur morale de l’Union européenne et de la France. Il faudra conclure des pactes avec les pays en développement sur la bonne gouvernance (équilibre entre aide et ingérence). La mobilisation de fonds privés sur caution de fonds publics sur le modèle des fonds Juncker avec un effet levier de 15 (voir rapport récent du sénat) est une bonne approche pour le financement de l’APD.

 

France: Elections présidentielles 2017

 

 

«... quelque faible influence que puisse avoir ma voix dans les

affaires publiquesle droit d’y voter suffit pour

m’imposer le devoir de m’en instruire»

J-J Rousseau –Du contrat social–

 

 

Le dimanche 23 avril 2017, les françaisES se rendront aux urnes pour  voter au premier tour de l'élection présidentielle. Le deuxième tour aura lieu le dimanche 7 mai.

Onze candidats ont réuni les conditions nécessaires pou se présenter à cette élection. Ci-dessus des liens internet permettant de comparer leurs programmes respectifs.

 

http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/comparateur/?candidates=emmanuel-macron,francois-fillon,jean-luc-melenchon,benoit-hamon,marine-le-pen,jacques-cheminade,francois-asselineau,nicolas-dupont-aignan,nathalie-arthaud,philippe-poutou,jean-lassalle

 

 

http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/presidentielle-2017-comparez-les-programmes

 

http://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/programmes/

http://www.lepoint.fr/html/ifrap-comparateur/

http://yeswesign.fr

 

http://www.lepoint.fr/societe/presidentielle-le-programme-des-principaux-candidats-19-02-2017-2105856_23.php